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Quand elle entendit, venu d'en bas, le fracas de la table en verre brisée, le haussement de ton de son père à la voix dissonante et sa mère, en pleur et criante, elle sursauta dans son lit. Se retrouvant assise, le buste soutenu par ses bras tendus, nerveuse, elle leva les yeux vers le plafond, priant la toute-puissante fatalité en laquelle elle croyait avec tant d'ardeur, comptant les mouches en écoutant ses parents.
– Bzzt. Bzzt. Commença la mouche.
– Si nous avions mutuellement témoigné suffisamment de notre amour à l'autre, il n'y aurait pas la succession de soucis manifestes, ces derniers temps, de cette défaillance initiale amenant silences impromptus, mensonges et finalement vérités insoutenables ! poursuivit le père.
– Bzzt ! bzzt ! reprit la mouche.
– Comment ? rétorqua non sans ironie la mère.
– Bzzt ? bzzt ?
– Salope !!! résuma le père.
– Bzzt !!! bzzt !!!
– Quoi ?! s'indigna la mère.
– Bzzt ?! bzzt ?!
– Tiens ! Prend ça ! enchaîna-t-elle.
Paf !
– Bzzzzzz... Toc ! se cogna la mouche.
– Connasse ! Tu as osé... On en reparlera au tribunal, conclut le père, une marque rouge à la joue.
– Bzzt ! Bzzt... Pouf. Mourut la mouche.
Puis, le calme revenu pour un temps, paresseusement levée, regardant par la fenêtre de sa chambre recouverte de buée, sur laquelle était venue s'écraser une mouche, le ciel rosé du matin, Naïcha se souvint de sa nuit.
Elle avait rêvé d'une énorme verge planant au-dessus des nues, comme un bateau venant à sa rencontre au risque de sombrer dans une imprévisible tempête, et ne trouvant finalement qu'une rade ensoleillée cernée de palmiers courbés, comme autant de réconfortants ombrages, à l'arrivée du vaisseau, toute digue de sable sec ensevelie sous les remous irréguliers mais incessants... le rêve... et puis l'irrigation de la terre et les éclosions qui se succèdent... une pluie de miel et, par-dessus, le sucre glaçant comme un fleuve outrepassant l'hiver afin de rejoindre sa destinée.
Tout ceci tandis qu'elle entendait toujours, au loin dans son songe, au rez-de-chaussée les bruits d'objets divers ayant le malheur de tomber entre les mains de ses parents énervés: portes de placard claquées; vaisselle entrechoquée par inadvertance... Naïcha ne voulait pas descendre. Alors elle resta près de la fenêtre, à sonder des temps plus heureux. Puis elle entendit claquer une dernière porte – celle d'entrée, qui sert aussi de porte de sortie, mais comme les gens sont trop cons pour anticiper que tout a une fin, on appelle ça la porte d'entrée, tout simplement. Surtout qu'une fois rentrés, nous savons généralement où se trouve cette porte, de sorte que nous n'avons pas à demander "Eh ! au fait ! Richard (parce que le bonhomme y s'appelle Richard, en gros. Peut-être même qu'il est né à Amsterdam, ou à Rio je sais plus) pourriez-vous m'indiquer, s'il vous plait, la porte de sortie ?", à moins bien-sûr que nous entendions par "sortie", le lieu de défécation, dans quel cas il est déjà plus pertinent de poser la question.
C'était son père, sans doute, qui quittait la maison, sans dire au revoir à sa fille; ils se parleraient plus tard, après tout – mais "après tout", ça ne voulait rien dire.
– Naïcha ! appela sa gourdasse de mère.
– Oui...
– Non, rien.
Voilà c'est tout.
– Bzzt. Bzzt. Commença la mouche.
– Si nous avions mutuellement témoigné suffisamment de notre amour à l'autre, il n'y aurait pas la succession de soucis manifestes, ces derniers temps, de cette défaillance initiale amenant silences impromptus, mensonges et finalement vérités insoutenables ! poursuivit le père.
– Bzzt ! bzzt ! reprit la mouche.
– Comment ? rétorqua non sans ironie la mère.
– Bzzt ? bzzt ?
– Salope !!! résuma le père.
– Bzzt !!! bzzt !!!
– Quoi ?! s'indigna la mère.
– Bzzt ?! bzzt ?!
– Tiens ! Prend ça ! enchaîna-t-elle.
Paf !
– Bzzzzzz... Toc ! se cogna la mouche.
– Connasse ! Tu as osé... On en reparlera au tribunal, conclut le père, une marque rouge à la joue.
– Bzzt ! Bzzt... Pouf. Mourut la mouche.
Puis, le calme revenu pour un temps, paresseusement levée, regardant par la fenêtre de sa chambre recouverte de buée, sur laquelle était venue s'écraser une mouche, le ciel rosé du matin, Naïcha se souvint de sa nuit.
Elle avait rêvé d'une énorme verge planant au-dessus des nues, comme un bateau venant à sa rencontre au risque de sombrer dans une imprévisible tempête, et ne trouvant finalement qu'une rade ensoleillée cernée de palmiers courbés, comme autant de réconfortants ombrages, à l'arrivée du vaisseau, toute digue de sable sec ensevelie sous les remous irréguliers mais incessants... le rêve... et puis l'irrigation de la terre et les éclosions qui se succèdent... une pluie de miel et, par-dessus, le sucre glaçant comme un fleuve outrepassant l'hiver afin de rejoindre sa destinée.
Tout ceci tandis qu'elle entendait toujours, au loin dans son songe, au rez-de-chaussée les bruits d'objets divers ayant le malheur de tomber entre les mains de ses parents énervés: portes de placard claquées; vaisselle entrechoquée par inadvertance... Naïcha ne voulait pas descendre. Alors elle resta près de la fenêtre, à sonder des temps plus heureux. Puis elle entendit claquer une dernière porte – celle d'entrée, qui sert aussi de porte de sortie, mais comme les gens sont trop cons pour anticiper que tout a une fin, on appelle ça la porte d'entrée, tout simplement. Surtout qu'une fois rentrés, nous savons généralement où se trouve cette porte, de sorte que nous n'avons pas à demander "Eh ! au fait ! Richard (parce que le bonhomme y s'appelle Richard, en gros. Peut-être même qu'il est né à Amsterdam, ou à Rio je sais plus) pourriez-vous m'indiquer, s'il vous plait, la porte de sortie ?", à moins bien-sûr que nous entendions par "sortie", le lieu de défécation, dans quel cas il est déjà plus pertinent de poser la question.
C'était son père, sans doute, qui quittait la maison, sans dire au revoir à sa fille; ils se parleraient plus tard, après tout – mais "après tout", ça ne voulait rien dire.
– Naïcha ! appela sa gourdasse de mère.
– Oui...
– Non, rien.
Voilà c'est tout.
