Je suis triste et c'est interdit, du coup, maintenant on va aller prendre un petit peu l'air. L'air je suis joyeux parce que je sors de chez moi. L'air je suis sociable parce que je salue les gens dans la rue et ne les insulte que dans ma tête. L'air ceci, l'air cela, quand on est pas seul, quand on est de sortie, on est ce dont on a l'air, c'est tout, le reste, c'est de l'air, c'est du vent. À la manière d'une bouteille de gaz, quand je m'ouvre aux autres, je fais pschitt ! Et reste pourtant très lourd. Pour peu qu'il y ait un imprévu, pour peu qu'on me secoue trop, je m'enflamme et explose tout autour de moi. Bam ! Boum ! Badaboum ! C'est à sauter par la fenêtre ! D'accord, j'exagère... D'accord, et alors ? C'est vrai, il m'arrive, en de rares occasions, de supporter quelqu'un. Mais à quoi bon ? Si je le supporte, c'est que je suis en accord avec lui. Autant rester tout seul. D'accord, j'exagère... Il peut aussi m'apporter des choses. Bon. Et alors ? Moi aussi, je peux m'apporter des choses, j'ai des yeux, tout ça, et des idées. Et ouais ! Et quoi, je pourrais rester tout seul ? À rien foutre ? Oui parce que quand on est tout seul et qu'on ne bouge pas, on ne fait rien... Bouddha, c'est un mec, il n'a rien foutu, et tout ça pour quoi ? Il devait se faire dessus en plus, donc non, je ne resterai pas tout seul sans travailler, sans avoir une vie sociale, florissante de partout avec tout plein de gentils bonhommes dedans, j'irai travailler la semaine pour me changer les idées que je n'aurai pas eu le temps d'avoir, parce que je n'aurai pas eu le temps de penser, on me donnera un su-sucre pour me récompenser et les dimanches, je pourrai aller promener ! Aaah... Le travail, le bénévolat, la famille, faire des trucs avec ses bras, ses jambes, sa bite, encore sa bite, ça offre quand même une sacrée indépendance, y'a rien à faire... La liberté, tout simplement.
C'est fou ce qu'on peut faire tout seul – sont fous ceux qui ne peuvent pas rester tout seuls, alors que moi, je suis normal – en restant dans son canapé, d'ailleurs, j'y retourne. Où que je sois, tant que j'ai de l'esprit, je peux être n'importe où et faire n'importe quoi. Là, je suis en train de me battre avec une serpillière qui m'a piqué ma gonzesse, une molécule d'eau que j'avais hébergé chez moi pour la protéger des intempéries mais qui face à mon refus de divorcer de mon verre de mayonnaise à décidé de se faire la malle, le femelle, salope ! Non... Je ne suis pas fou ! Nooooooooooooooon ! Je suis fou, si je m'imagine que je suis fou, mais je peux m'imaginer que je ne suis pas fou, et dès lors, pouf ! Je ne suis pas fou ! Après si les gens n'ont pas d'imagination... Ce n'est pas de ma faute.
Ce n'est pas compliqué de ne pas passer pour un fou – ce qui revient à ne pas l'être – il suffit pour cela de faire la plupart des choses que font la plupart des gens. D'avoir la plupart des pensées qu'on, bref... Il suffit de s'endormir et de laisser les vents guider le navire, de se suffire de ce qui se fait, comme ça, tout va bien. «Bonjour, je m'appelle Trucmuche, je travaille, donc je ne suis pas un boulet pour la société et mes proches sont fiers de moi, je peux dormir sur mes deux oreilles, mes passions sont la cuisine, ma famille, j'embrasse d'ailleurs tout particulièrement les trois amours de ma vie, mon compagnon et mes deux enf... Zzzzzz...» On connaît le refrain ! Je préfère encore à l'écoute de ce genre de présentation, me concentrer sur un robinet qui fuit, ce n'est pas plus répétitif et au moins, il y a une belle sincérité dans le regard du robinet, on sent que ses larmes ne sont pas des larmes de crocodile. Ce sont des larmes qui ne nous obligent à rien, on peut laisser couler. Toutefois, si l'envie nous prend, on peut faire un bisous au robinet pour essayer de le consoler ce pauvre petit robinet ( je dis bien «essayer»), il ne demandera ni excuses pour violation de l'intimité, ni bisous supplémentaires pour cause d'addiction. On est peinard et, on l'aura comprit, la compagnie des objets inanimés m'est nettement plus appréciable que celle de ces grosses connasses de merdes de nullités humaines. Mais c'est pas encore ça... La réalité, c'est scientifiquement prouvé, c'est nul. Si si c'est vrai, on a prit un échantillon de réalité, on en a fait l'analyse, et c'est ce que cette analyse nous a révélé: la réalité est composée de 50% de nullité et de 50% d'illusion, et l'illusion c'est nul, c'est S-C-I-E-N-T-I-F-I-Q-U-E ! Bon. Scientifique, peut-être pas, mais subjectivement bien réel en tout cas ! Alors qu'on me laisse à ma tristesse chérie que j'aime, ma tristesse adorée... Tristesse, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. Les hommes t'ont reniée, c'est pour eux une honte de te côtoyer, un signe de faiblesse. Et les faibles ont une sainte horreur de la faiblesse. Leur ressemblant trop, ils ne peuvent la regarder dans les yeux. Qu'ils sont beaux pourtant, tes yeux ! Brillants d'humidité, brûlants d'humanité.
Tristesse où es-tu ? J'ai besoin de toi. J'ai trop ri, trop dansé, trop refoulé mon amour pour ta tendresse. Les hommes t'ont jetée en prison pour ne plus te voir, tu étais devenue dangereuse, leur forêt interdite, mon paradis perdu. Il faut être content, surtout, toujours content ! Quand on est fort, on ne pleure pas, on ne souffre pas, on sourit bêtement, le regard vide, puis on crève. Youpi ! Hourra ! Rire ou pleurer sans cesse, les deux sont idiots. Sourire une larme au coin de l'œil, voilà qui est subtil, voilà qui est profond.
Tristesse où est-tu ? Entends mon appel, sans toi je suis malheureux, prends-moi dans tes bras consolateurs. N'écoute pas les imbéciles, les gloutons qui te rejettent tels des alcooliques recrachant de l'eau. Tu es un sentiment sain, plus sain que ton rejet. Traitée avec respect, tu es une joie, une expérience esthétique irremplaçable, le repos du guerrier lyrique. Quand comprendrons-nous enfin que toute douleur n'est pas un mal ? Quand cesserons-nous enfin de chercher le bien-être partout ? Quand les crevards se feront ils poètes ? Les chiens remuant la queue, hommes jouant de la plume ?
L'auteur tient à rassurer ses lecteurs potentiels, loin de cette déprime apparente, la réalité est pour moi bien plus gaie ! En effet, le robinet est réparé ! Non, sans blague, je vais bien.
C'est fou ce qu'on peut faire tout seul – sont fous ceux qui ne peuvent pas rester tout seuls, alors que moi, je suis normal – en restant dans son canapé, d'ailleurs, j'y retourne. Où que je sois, tant que j'ai de l'esprit, je peux être n'importe où et faire n'importe quoi. Là, je suis en train de me battre avec une serpillière qui m'a piqué ma gonzesse, une molécule d'eau que j'avais hébergé chez moi pour la protéger des intempéries mais qui face à mon refus de divorcer de mon verre de mayonnaise à décidé de se faire la malle, le femelle, salope ! Non... Je ne suis pas fou ! Nooooooooooooooon ! Je suis fou, si je m'imagine que je suis fou, mais je peux m'imaginer que je ne suis pas fou, et dès lors, pouf ! Je ne suis pas fou ! Après si les gens n'ont pas d'imagination... Ce n'est pas de ma faute.
Ce n'est pas compliqué de ne pas passer pour un fou – ce qui revient à ne pas l'être – il suffit pour cela de faire la plupart des choses que font la plupart des gens. D'avoir la plupart des pensées qu'on, bref... Il suffit de s'endormir et de laisser les vents guider le navire, de se suffire de ce qui se fait, comme ça, tout va bien. «Bonjour, je m'appelle Trucmuche, je travaille, donc je ne suis pas un boulet pour la société et mes proches sont fiers de moi, je peux dormir sur mes deux oreilles, mes passions sont la cuisine, ma famille, j'embrasse d'ailleurs tout particulièrement les trois amours de ma vie, mon compagnon et mes deux enf... Zzzzzz...» On connaît le refrain ! Je préfère encore à l'écoute de ce genre de présentation, me concentrer sur un robinet qui fuit, ce n'est pas plus répétitif et au moins, il y a une belle sincérité dans le regard du robinet, on sent que ses larmes ne sont pas des larmes de crocodile. Ce sont des larmes qui ne nous obligent à rien, on peut laisser couler. Toutefois, si l'envie nous prend, on peut faire un bisous au robinet pour essayer de le consoler ce pauvre petit robinet ( je dis bien «essayer»), il ne demandera ni excuses pour violation de l'intimité, ni bisous supplémentaires pour cause d'addiction. On est peinard et, on l'aura comprit, la compagnie des objets inanimés m'est nettement plus appréciable que celle de ces grosses connasses de merdes de nullités humaines. Mais c'est pas encore ça... La réalité, c'est scientifiquement prouvé, c'est nul. Si si c'est vrai, on a prit un échantillon de réalité, on en a fait l'analyse, et c'est ce que cette analyse nous a révélé: la réalité est composée de 50% de nullité et de 50% d'illusion, et l'illusion c'est nul, c'est S-C-I-E-N-T-I-F-I-Q-U-E ! Bon. Scientifique, peut-être pas, mais subjectivement bien réel en tout cas ! Alors qu'on me laisse à ma tristesse chérie que j'aime, ma tristesse adorée... Tristesse, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. Les hommes t'ont reniée, c'est pour eux une honte de te côtoyer, un signe de faiblesse. Et les faibles ont une sainte horreur de la faiblesse. Leur ressemblant trop, ils ne peuvent la regarder dans les yeux. Qu'ils sont beaux pourtant, tes yeux ! Brillants d'humidité, brûlants d'humanité.
Tristesse où es-tu ? J'ai besoin de toi. J'ai trop ri, trop dansé, trop refoulé mon amour pour ta tendresse. Les hommes t'ont jetée en prison pour ne plus te voir, tu étais devenue dangereuse, leur forêt interdite, mon paradis perdu. Il faut être content, surtout, toujours content ! Quand on est fort, on ne pleure pas, on ne souffre pas, on sourit bêtement, le regard vide, puis on crève. Youpi ! Hourra ! Rire ou pleurer sans cesse, les deux sont idiots. Sourire une larme au coin de l'œil, voilà qui est subtil, voilà qui est profond.
Tristesse où est-tu ? Entends mon appel, sans toi je suis malheureux, prends-moi dans tes bras consolateurs. N'écoute pas les imbéciles, les gloutons qui te rejettent tels des alcooliques recrachant de l'eau. Tu es un sentiment sain, plus sain que ton rejet. Traitée avec respect, tu es une joie, une expérience esthétique irremplaçable, le repos du guerrier lyrique. Quand comprendrons-nous enfin que toute douleur n'est pas un mal ? Quand cesserons-nous enfin de chercher le bien-être partout ? Quand les crevards se feront ils poètes ? Les chiens remuant la queue, hommes jouant de la plume ?
L'auteur tient à rassurer ses lecteurs potentiels, loin de cette déprime apparente, la réalité est pour moi bien plus gaie ! En effet, le robinet est réparé ! Non, sans blague, je vais bien.