En effet, la deuxième lettre de Mesrine, datée du 1er novembre, est nettement plus agressive. Desproges ne s’est pas donné le mal de répondre et ça l’agace : « Ne me faites pas regretter d’avoir employé la méthode bourgeoise qu’est le courrier, pour vous toucher. J’en connais une autre qui est toujours livrée avec avis de réception !!! Alors, ayez au moins la politesse de répondre à ma première lettre. Maintenant, Monsieur Desproges, cela sera comme vous voudrez… et comme je voudrai. » Là, Desproges répond, et la troisième lettre de Mesrine est datée du 6 novembre. Il a bien reçu sa lettre mais il n’est toujours pas satisfait. Il est même complètement furax. Il attendait des excuses et elles ne sont pas venues. « Je n’ai pas la renommée de laisser passer quoi que ce soit, et comme je constate que vous n’avez pas l’excuse facile, cela va simplifier les choses. Je vais faire en sorte que vous me preniez au sérieux. (…) J’ai connu beaucoup de clowns qui, s’amusant à mes dépens, ont fait leur dernier tour de piste ! » À part ça, le mot « fanfaron » continue de lui rester en travers et il a engagé des poursuites contre L’Aurore, qui lui attribuait trente-neuf meurtres alors que c’est même pas vrai. Pourtant, magnanime, il sollicite encore une fois une réponse de Desproges : « Je pense que nous allons nous entendre très bien, mon cher Pierre ! » Là, le cher Pierre ne répond plus du tout et Mesrine arrête d’écrire. Mais en 1975 il revient à la charge et menace un autre journaliste de L’Aurore en précisant : il va vous arriver la même chose qu’à Desproges. Et là, Desproges a peur, se rappelle Bernard Morrot : « Il avait une trouille épouvantable. Il avait pris ça pour une tragédie personnelle : le plus grand tueur de France voulait sa peau. Il faut dire tout de même qu’il était très égocentrique. »
(…) Extrait de Desproges, portrait de Marie-Ange Guillaume aux Éditions du Seuil
(…) Extrait de Desproges, portrait de Marie-Ange Guillaume aux Éditions du Seuil